samedi 12 mai 2012

Critique d'album : Simian Mobile Disco - Unpatterns



Après un second album (Temporary Pleasure) plutôt en dessous de ce que j'attendais d'eux (trop de featuring, un peu trop pop), puis un troisième album (Delicacies) trop minimal, voici que les Simian Mobile Disco reviennent avec Unpatterns. Oublié les featurings, on reste dans l'electro pure, mais un peu moins minimaliste que sur Delicacies.

Ce qui a frappé dès les premiers extraits de l'album (Seraphim, Cerulean, Put your hands together), c'est qu'on reconnait toujours la pâte SMD, avec des sons et une structure qui ne trompent pas, certains gimmicks et effets qui portent leur marque de fabrique.

On retrouve ces particularités dans la quasi totalité de l'album, et c'est une très bonne chose. Je n'étais pas un fan absolu de Cerulean et Seraphim, que je trouvais encore en dessous de ce que j'attends depuis le premier album, qui était un petit chef d'oeuvre. Mais les deux ont visiblement choisi depuis quelques années de s'éloigner du son club qui leur avait réussi à l'époque, pour se caler dans un son plus progressif et plus minimal.

I Waited For You, la premiere track, met tout de suite dans l'ambiance. Un sample de voix hypnotique ("I waited for you") qui aurait sa place sur un EP de Thomas Bangalter, en boucle pendant toute la chanson, sur fond d'un synthé mélancolique. Le tout n'est pas sans rappeler Sleep Deprivation, sans arriver à la cheville de cette derniere.
Cerulean, avec ses arpèges désordonnés, semble illustrer le titre de l'album (Unpatterns), mais ne parvient jamais à vraiment décoller.
Sur Seraphim, on retrouve un sample de voix en boucle, qui semble se lamenter ("Why can't you be what I want you to be") sur fond d'une lente progression d'accords de synthés et de TR909 et TB303, avec de faux airs de Flying Lotus. C'est plutôt réussi.
On retrouve une sorte de désordre dans A Species out of Control, qui est tout en montée. Un riff de synthé très entraînant où règne le chaos, est la colonne vertébrale du morceau, et ne cesse de monter en puissance. Assurément mon morceau préféré sur l'album.
Interfecrence est un peu dans le même style. La TR808 donne tout de suite le ton de cette track très pêchue, puis arrive une boucle de synthé très électro, assez inhabituelle pour SMD, mais qui fait mouche. Cette track n'aurait pas fait tâche sur une compilation Cheap Thrills.
Encore une lente progression avec Put your hands together. Une longue montée, l'apparition d'un sample vocal, pour une fois moins pessimiste que les deux autres ("Put your hands together"), puis une légère dépression jusqu'a un break avec une basse devastatrice. Dommage que l'ensemble reste un peu trop minimal. En revanche, le potentiel en live est grand.
The Dream of the Fisherman's Wife est très atypique. Encore une fois, le désordre y règne en maître. Malheureusement, il ne s'y passe pas grand chose d'intéressant. Il ne s'agit guerre plus que des percussion désordonnées et un arpège de synthé qui varie sans jamais devenir intéressant.
Your love ain't fair repose encore une fois sur un sample vocal, mais qui ici est très énervant du fait de ses variations de pitch, et gâche toute la track. Dommage car si l'instru ne casse pas trois pattes à un canard, il reste plutôt bon.
On en arrive à la dernière track, Pareioda, qui n'est ni plus ni moins qu'une boucle de 4 secondes qui varie quelquepeu au cours du morceau. C'aurait pu être bien, mais ça ne l'est pas. C'est ennuyeux, lent, et décevant.

Le résultat est un avis un peu mitigé. Les trois derniers morceaux sont mauvais, et ternissent vraiment un album qui se défend très bien. On est toujours loin de Attack Decay Sustain Release, mais SMD nous montre qu'il leur en reste sous le pied. Maintenant il faut voir ça en live, puisque c'est sur scène que les morceaux prennent toutes leur dimension avec Simian Mobile Disco, avec de l'impro, de longues transitions qui pourraient à elles seules faire une track, des effets de lumière qui collent à merveille à la musique, du vrai matos et pas juste un clampin avec son Macbook pro...